L’ère des réseaux sociaux se termine-t-elle?

«L’ère des réseaux sociaux se termine» : c’est sous ce titre quelque peu étonnant, car très inattendu, auquel s’ajoute le sous-titre suivant : « Elle n’aurait jamais dû commencer », que s’ouvre une longue analyse d’un phénomène omniprésent, parue récemment dans The Atlantic, média américain très crédible. Pour Ian Bogost, professeur d'université, concepteur de jeux vidéo et chroniqueur du secteur numérique pour le mensuel précité, l'âge d'or des réseaux sociaux est en train de s'achever. Pour lui, « c’est fini. Facebook est sur le déclin, Twitter en plein chaos. L’empire de Mark Zuckerberg a perdu en valeur des centaines de milliards de dollars et licencié 11 000 personnes, avec son marché publicitaire en danger. » La reprise de Twitter par Elon Musk est une véritable débâcle. « Il n’a jamais paru plus plausible que l’âge des médias sociaux puisse se terminer – et sous peu. » Le développement important des réseaux sociaux, qui restent encore aujourd'hui omniprésents, a commencé avec la création de Facebook en 2004. Depuis lors ils ont pris une place de plus en plus importantes dans notre vie et celle des entreprises. Aujourd'hui on imagine mal la vie sans eux.

Si de très nombreux de nos contemporains ne pensent que du bien des réseaux sociaux, mais leur côté creux en irrite plus d'un. Si Elon Musk, qui a racheté Twitter, affirme, en termes plutôt grandiloquents, que ce réseau constitue « une place publique numérique où sont débattues des questions vitales pour l'avenir de l'humanité», Ian Bogost, lui, pense exactement le contraire: «Nous ne tweetons pas pour dire quelque chose de particulier. Nous tweetons parce que Twitter nous offre un espace à remplir. Twitter c'est un format et une injonction. Il préempte ce que nous avons à dire. Il nous plonge dans des boucles de rétroaction, comme des enfants montent dans un manège dont le seul but est de tourner. Le seul but de Twitter est de tweeter.» Ian Bogost, loin de déplorer la perspective d'un effondrement du système des réseaux sociaux, s'en réjouit au contraire: « La chute possible de Facebook et Twitter (et d'autres) est une opportunité –non pas de passer à une plateforme équivalente, mais d'accepter leur ruine, ce qui était auparavant impensable. »
Que faire contre cette « autodévoration » qu'il qualifie de « symptôme de la crise démocratique actuelle ». A l'image de ce que l'on fait dans le cas des addictions classiques, «un véritable sevrage social s'impose», même si c'est là une tâche bien ardue, tant cette addiction n'est pas toujours reconnue comme telle et tant « nous avons adapté nos vies pour nous conformer aux plaisirs et aux tourments des réseaux sociaux».




On peut émettre d'autres critiques, bien plus sévères et sans doute plus fondamentales
encore que celles de Bogost à l'encontre des réseaux sociaux. C'est ainsi que leur caractère addictif ne fait plus aucun doute. Ils véhiculent par ailleurs constamment des informations non contrôlées, jusqu'à totalement fausses (fake news) ou fantaisistes. Les publications racistes, antisémites, homophobes, sexistes s'y donnent libre cours sans aucun frein.
Tout cela est d'autant plus préoccupant qu'une proportion de plus en plus importante de jeunes ne puisent leur information que sur lesdits réseaux sociaux, en lieu et place des médias classiques.
Pour ce qui est de l'évolution future de l'univers des réseaux sociaux c'est, plus que leur disparition pure et simple, la fin de l'ère des réseaux sociaux totalement gratuits. On passerait alors à un système d'abonnements payants. "There ain't such a thing as a free lunch" ( 
«un repas gratuit ça n'existe pas»), disent traditionnellement les Américains.



 
 


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