Effondrement d’une illusion : le naufrage du système de santé anglais

Il y a déjà un certain nombre d’années que personne ne se fait d’illusion sur le système de santé d’Outre-Manche, le NationalHealth Service (NHS), créé en juillet 1948, c’est-à-dire il y a près de 75 ans. Il ne faudrait cependant pas oublier le fait que cette institution a survécu à tous les gouvernements de Sa Gracieuse Majesté, conservateurs comme travaillistes ou libéraux-démocrates. Même l’ultra-libérale Margaret Thatcher, Première ministre entre 1979 et 1990, qui a mené une politique de droite très dure, qu’on a baptisé du nom de thatchérisme et qui tirait à boulets rouges sur tout ce qui était étatique, a épargné le NHS à l’exception de quelques aménagements mineurs. Aujourd’hui la débâcle de ce système est totale, avec notamment des temps d’attente énormes dans les hôpitaux, 7 millions de patients attendant ainsi, sans aucune justification médicale, d’être hospitalisés, ce nombre augmentant de près de 1,5 million d’unités par mois.

3 membres du personnel du NHS sur 10 ont déjà envisagé à plusieurs reprises de quitter leur emploi, tandis qu’un sondage de la British Medical Association (BMA) nous apprend que 86% des consultants actifs dans les hôpitaux anglais envisagent de faire grève pour protester contre les réductions dans leurs salaires et leurs pensions.

Même si les dirigeants du NHS eux-mêmes ne cessent de rappeler les résultats de leur politique de prévention de maladies graves, comme diabète de type 2, par exemple, force est de constater que le service national de santé est à bout de souffle aujourd’hui. Il peut paraître d’autant plus étonnant qu’il a servi de modèle à des mouvements européens et notamment belges situés très à gauche, voire à l’extrême-gauche, comme le Groupe d’étude pour une réforme de la médecine (GERM), qui parlait d’« un système de santé que le monde entier leur enviait » et la Fédération des Maisons médicales ou (FMM) présentant la médecine anglaise comme alternative à la pratique libérale.
C’est dans ce contexte de déclin qu’un article du British Medical Journal commente le vote de 98% des ‘junior doctors’ (jeunes médecins praticiens en formation), de tous horizons politiques, en faveur d’une grève, motivée par des salaires très insuffisants et de mauvaises conditions de travail. Ils s’élèvent notamment avec force contre le refus de négocier de la part du gouvernement et les réactions négatives des médias qui condamnent leurs projets de grève



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