La santé au risque de la guerre en Ukraine

On aurait pu craindre un véritable effondrement du système sanitaire en Ukraine, mais ce serait ne pas prendre en compte l’extraordinaire résilience dont a fait preuve le pays dans tous les domaines, une résilience soulignée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Certes, la situation n’est guère réjouissante, car si plus de huit mois après le début de l’invasion russe, le système de santé ukrainien continue de fonctionner dans l’ensemble, remarque ONU Info, qui ajoute cependant que « pour un nombre croissant de civils, la spirale des coûts, les obstacles logistiques et les infrastructures endommagées rendent l’accès aux services essentiels encore plus difficile ». Le bulletin d’information de l’ONU note encore que si « parmi ceux qui ont cherché à se faire soigner, 95% déclarent avoir bénéficié de services de soins primaires. Selon les résultats de cette enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), jusqu’à 90% ont eu accès à des services de santé pour les maladies chroniques. D’une manière générale, un Ukrainien adulte sur trois interrogé a cherché à obtenir des soins primaires », il existe fort logiquement des obstacles à l’accès aux soins, dont les principaux sont « le coût, les contraintes de temps pour se rendre dans les établissements de santé et en revenir, ainsi que la disponibilité limitée des transports ».
Le manque de matériel adéquat, notamment en chirurgie, soins intensifs ou réanimation, représente également une source de frustration terrible pour le personnel soignant en général et les médecins en particulier. « Quand les hôpitaux sont détruits et que les médecins fuient, il n'y a pas de réanimation, pas de champ d'opération, pas de ventilation, pas assez d'oxygène », confie dans un entretien à Science et Avenir le Pr Raphaël Pitti, anesthésiste réanimateur très actif dans l’humanitaire et actuellement dans l’aide médicale en Ukraine, après avoir notamment formé plus de 34.000 médecins en Syrie, autre terrain d’un conflit particulièrement lourd.
Cet expert explique aussi à quel point la médecine de guerre exige une approche spécifique, à l’instar de celle des spécialités médicales classiques et reconnues. Une formation particulière, tant des médecins que du personnel soignant, s’impose d’emblée et se fait évidemment en dehors du théâtre de guerre. A cet égard, note le Pr Pitti, dans l’interview précitée, « la notion essentielle, c'est qu'on ne peut pas sauver tout le monde, mais qu'il faut sauver un maximum de gens. Il s'agit de s'approprier des protocoles face aux situations de crise. Face à des situations où les blessés arrivent en nombre, il faut avoir un processus quasi algorithmique pour trier les malades, connaître les délais de prise en charge et les stabiliser. L'idée est de distinguer ce qui est urgent de ce qui ne l'est pas et d'identifier les personnes qu'on ne peut pas réanimer car leurs blessures sont trop importantes. On est dans le "damage control" : les médecins cherchent avant tout à contrôler les dommages pour que le patient reste en vie. La chirurgie n'intervient qu'ensuite, si elle est nécessaire. »

Le système de santé ukrainien ne semble guère sur le point de s’effondrer, pas plus que la capacité du peuple, qui résiste depuis de longs mois à l’agression russe. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne à ce sujet la résilience ukrainienne. Et ce malgré d’inévitables difficultés, comme le manque de certains médicaments et, plus encore, le coût de certains d’entre eux, comme fait remarquer le Dr Jarno Habicht, représentant de l’OMS en Ukraine. Une situation fortement aggravée par les attaques continuelles contre des structures de soins de santé. Durant les 100 premiers jours de l’ « opération spéciale » de Poutine, il y a eu plus de 260 attaques vérifiées contre les établissements de soins de santé en Ukraine, rapporte Euractive, cite encore les propos du Dr Hans Henri P. Kluge, Directeur régional de l’OMS pour l’Europ : « J’ai eu le privilège de rencontrer de nombreux agents de santé lors de deux visites en Ukraine depuis le début de la guerre. Ils maintiennent les services essentiels et gardent l’espoir face à un chagrin et à une souffrance incroyable », propos qui soulignent encore la résilience des Ukrainiens a-t-il ajouté. 




                                                           

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