Lorsque les grands esprits scientifiques versent dans le n'importe quoi

Les climatosceptiques de tout poil ont trouvé un nouveau maître-à-penser avec Steven Koonin. Koonin71 ans, physicien théoricien, ancien directeur du Center for Urban Science and Progress à la New York University fut également sous-secrétaire d’Etat à la Science de l’administration Obama entre 2009 et 2011. C’est dire si l’homme a des lettres de noblesse. Tout cela ne l’a pas empêché de verser dans le climato-scepticisme et de devenir une véritable icône pour de nombreux individus qui nient ou minimisent radicalement le réchauffement climatique et ses conséquences. Il développer longuement son point de vue dans un livre paru à la fin de l’année dernier sous le titre Le climat, la part d’incertitude » et rapidement devenu un best-seller. Il suffit, pour en saisir parfaitement l’optique, de lire le prière d’insérer de l’ouvrage, comme le reproduit le site de la Fnac notamment : « On entend souvent qu’en matière de climat "la science a parlé" et que "le consensus est établi". En réalité, de la recherche fondam iques versent dans le n'importe quoi entale aux médias, l’information est déformée, voire faussée. Le climat est en train de changer, mais le pourquoi et le comment ne sont pas aussi clairs qu’on veut nous le faire croire. D’abord parce que la climatologie est une science récente, née dans les années 1960, et qu’elle est extraordinairement complexe. Souvent incapables d’entrer dans les détails des travaux de recherche, les journalistes et politiques non scientifiques ont besoin de simplifier pour sensibiliser, au risque de mentir. La science, GIEC compris, ne dit pas ce que les médias écrivent. » 





Selon une idée particulièrement bien ancrée dans le public les grands scientifiques ne peuvent pas totalement dérailler et même s’ils peuvent parfois se tromper de-ci et de-là le fond de leurs écrits et déclarations reste forcément tout à fait crédible. Sans se référer à des temps révolus, on peut citer quatre exemples de notre époque qui montrent bien que ces «grands esprits » peuvent aussi verser dans le n’importe quoi.
Le premier, Jacques Benveniste, médecin immunologiste français, débute sa carrière en 1965 à l’Institut de recherche sur le cancer de Villejuif. Il travaille ensuite à la Scripps Clinic and Research Foundation à La Jolla en Californie. Il découvre en 1971 le facteur d’activation plaquettaire (PAF) et entre en 1973 au prestigieux Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), où il travaille dans la recherche immunopharmacologique fondamentale et appliquée de l’allergie et de l’inflammation.  Il travaille également à la Scripps Clinic & Research Foundation, à La Jolla (Californie). Le moins que l’on puisse en dire est que ses références sont solides. Tout cela ne l’empêche pas de déraper complètement en 1988. Il croit pouvoir conclure de ses expériences que des produits hautement dilués continuent d’avoir un effet alors qu’ils ne contiennent plus aucune molécule de substance active. C’est la publication de ses travaux sur la « mémoire de l’eau », applaudis par les homéopathes mais descendus en flammes par la communauté scientifique.



Le deuxième exemple est plus prestigieux encore puisque Luc Montagnier fut co-lauréat du prix Nobel de médecine 2008, conjointement avec Françoise Barré-Sinoussi et Harald zur Hausen, pour la découverte du VIH en 1983. Il n'avait visiblement peur de rien, puisqu'il prétendit plus tard avoir découvert un lien entre les vaccins et la mort subite du nourrisson. 
Une « dérive pathétique » ont alors estimé des membres de l’Académie nationale française de médecine qui réclament publiquement des sanctions.



Le troisième exemple concerne encore un lauréat du Prix Nobel ou plutôt de deux de ces prix (la Chimie en 1954 et la Paix en 1962) et auteur de 1 200 articles, Linus Pauling, fondateur de la médecine orthomoléculaire et promoteur de mégadoses de vitamine C contre le cancer.Le quatrième exemple, bien plus proches de nous, est celui de Didier Raoult, infectiologue, professeur à faculté des sciences médicales et paramédicales de Marseille et qui a notamment découvert un moyen de cultiver et donc d’étudier les rickettsies, ce qui mène en 1983 à la création de l'Unité des rickettsies. Son heure de gloire est venue avec la «découverte » de l’action de l’hydroxychloroquine (Plaquenil®) dans le traitement de la COVID-19, qu’il présente comme le remède de cette maladie. A côté d’un certain succès dans le grand public, lui aussi, sera totalement désavoué par la Faculté et devra répondre devant l’Ordre des médecins de Nouvelle Aquitaine à Bordeaux de ses interventions tonitruantes et dépourvues de tout fondement scientifique et même expérimental, ainsi que de ses attaques parfois virulentes sur les plateaux télé et les réseaux sociaux contre ses confrères qui n’étaient pas d’accord avec lui.

D'aucuns ont qualifié ces dérives de « maladie du Nobel », qui désigne classiquement  l'incapacité ou l'impossibilité, pour certains lauréats scientifiques du prix Nobel, de poursuivre des recherches scientifiques après s'être vu remettre un prix, mais elle désigne également l'adhésion de certains lauréats à des idées scientifiquement non fondées plus tard dans leur vie. Ce « syndrome » est devenu une métaphore pour la tendance de certains nobélisés à devenir défenseurs de théories pseudo-scientifiques ou de théories du complot après avoir reçu cette récompense (Wikipedia).



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